COURS 1.
Archéologie du camécran
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• Présentation du cours
(thématiques, évaluation, calendrier)

• Atelier d'échange de téléphone
(questionner notre relation au camécran)

• Présentation théorique :
l'archéologie du camécran
(voir ci-dessous)
05/10/2020
L'archéologie du camécran
Déroulé du cours (groupe B en présentiel)
Présentation théorique
Les appareils de captation du visage se caractérisent aujourd’hui principalement selon trois évolutions majeures :
• la rapidité de production et de diffusion de l’image
• l’indépendance du processus, qui peut se faire sans l’aide de techniciens ou techniciennes spécialisés ;
• et enfin, l’association d’un écran à l’objectif de prise de vue, écrans tourné vers l’opérateur où il peut vérifier son cadrage.

Ces caractéristiques se trouvent aujourd’hui banalisées dans l’utilisation d’un certain type d’appareil : les « camécrans », comme les téléphones portables intelligents, les tablettes et certains ordinateurs portables qui sont constitués principalement d’un écran, chargé de plusieurs caméras et possiblement connecté à internet.

Les trois évolutions majeures s'intensifient au fil des années : rapidité de prise de vue et de diffusion intensifiée par la connexion au réseau (il est possible de rendre public en direct ses images pour d’autres sur internet), et mobilité plus grandes avec des appareils individuels, de plus en plus petits et indépendants (sur batterie, ils peuvent accompagner les trajets de leurs possesseurs).

Tout au long du XXe siècle, une série d’appareils et de gestes de captation-diffusions ont préparé la constitution de ces camécrans. Nous retenons ici quelques jalons :
1
Le cinématographe Lumière (1895)
Le moniteur de la Portapak (1965)
2
3
Mini-DV numérique (1996)
4
Webcam tournée vers l’utilisateurice (2003)
Ces différents appareils donnent lieu à des images du quotidien (comme Le Repas de Bébé, 1895), et interroge également notre corps dans l’espace, et la façon dont il s’inscrit entre le regard de caméra et d’écran (comme dans les Time Delay Room).

Au fil du XXe siècle, les appareils deviennent plus petits, moins coûteux et plus individuels. La productions des images amateures explose : il devient plus facile de produire des images de son environnement et de soi, de son quotidien, mais également de les partager.
La naissance des images produites par les camécrans croisent les histoires du cinéma, de la vidéo et des télécommunications.
Particularités actuelles du camécran

• Caméras de part et d’autre (miroir-émetteur, plus besoin d’équipe)
• Cadrer à partir de l’écran lui-même (l’écran tourne autour de moi, nouvelle gestuelle)
• Associé à un porteur particulier
• Permet de produire des images et de les diffuser
Le Repas de Bébé
(1895)
Un exemple de scène du quotidien capté par les frères Lumière
Le Filmeur
Un exemple d'utilisation d'une caméra DV. 
Alain Cavalier filme son quotidien sur une dizaine d'année et en produit un montage

"À partir de son journal intime filmé en vidéo entre 1994 et 2005, Alain Cavalier nous invite avec humour et sensiblité à une méditation sur la vieillesse, la vie, la mort...
Instants de vie, éclats d’images, il compose une mosaïque où le spectateur est invité à trouver sa place par-lui-même.
"Les premiers plans du film ont été tournés en 1994, au moment où j'ai préféré tenir mon journal intime avec une caméra plutôt qu'avec un stylo. Les dernières images datent de 2005. La vraie difficulté dans le choix et l'organisation des plans, c'était le repérage des non-dits et leur mise en valeur. Quand vous filmez sur le vif, vous ne faites pas de commentaires, vous ne cherchez pas à être lisible, vous vivez. Comme il est normal pour un journal cinématographique, j'ai tourné seul. J'ai rejoint un vieux rêve de metteur en scène devenu cinéaste avant d'être filmeur : me trouver seul avec la personne qui est seule devant mon objectif. C'est une manière d'élargir ma relation avec ceux que je choisis ou qui viennent vers moi. [...]"
(Alain Cavalier)"

http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/15430_0
(2005)
TV Rodin (Le Penseur)
L'artiste vidéo Nam June Paik met en scène la boucle du selfie permise par la connexion entre une caméra et un moniteur.



(1976)

Present Continuous Past(s)
Dan Graham (1974)
La cafetière d'une salle de pause de l'université de Cambridge est la "Trojan Room Coffee Pot" est l'un des premiers objets capté et diffusé via une webcam. 
Installé par des chercheurs en informatique de l'université, l'image actualisée en temps réelle de la cafetière permettait aux chercheurs et chercheuses de savoir quand ils pouvaient descendre pour prendre du café.
En 1948, Alexandre Astruc propose le concept de
« caméra-stylo », en travaillant une analogie entre l’indépendance de l’écrivain et celui du cinéaste, à même de rendre compte directement de sa pensée par le biais du film (et sans les « lourdeurs » des effets d’associations symboliques devenus classiques au cinéma). Le cinéaste peut utiliser le film
pour traduire sa pensée personnelle avec la facilité et l'indépendance que l'écrivain trouve dans le stylo.

Ce langage serait « [...] une forme dans laquelle et par laquelle un artiste peut exprimer sa pensée, aussi abstraite soit-elle, ou traduire ses obsessions exactement comme il en est aujourd’hui de l’essai ou du roman. C’est pourquoi j’appelle ce nouvel âge du cinéma celui de la Caméra-stylo. Cette image a un sens bien précis. Elle veut dire que le cinéma s’arrachera peu à peu à cette tyrannie du visuel, de l’image pour l’image, de l’anecdote immédiate, du concret, pour devenir un moyen d’écriture aussi souple et aussi subtil que celui du langage écrit. [...] Aucun domaine ne doit lui être interdit. »